Projet Emergences Ville de Paris
Coordinateur du projet : Emilie Stoll, Romain SIMENEL
Partenaires : Ville de Paris, CNRS, MNHN, Centre Alexandre Koyré
Durée : 2018-2022
Terrains : France/Brésil/Inde/Portugal/Kenya
Faisant suite à la création du séminaire Alter Eco du MNHN, l’équipe EXORIGINS propose de sensibiliser les Parisiens à la diversité de leurs origines et aux (en)jeux de leurs appartenances multiples à partir de l’étude des plantes qu’ils font pousser dans les jardins (privée et publics) et sur leurs balcons. Comment les végétaux présents dans nos espaces quotidiens et domestiques sont-ils mobilisés pour ordonner les origines et les mémoires associées à de multiples lieux [Baussant, 2007, 2015] ? Cette problématique se déploie dans un contexte global actuel marqué par une intensification des mobilités transnationales (afflux de migrants, entraves aux frontières…), par la radicalisation des débats sociétaux sur la place de l’altérité dans nos sociétés (port du voile, burkini, financement des lieux de cultes…) et par la labilité des frontières de l’Europe (brexit, expansion vers l’Est ou le Sud…). L’étude conjointe des migrations de plantes, de personnes et de systèmes de pensées mettra en lumière la multiplicité des origines. Cette approche interroge la notion de ‘dissémination’ des espèces, en montrant combien le biologique (les corps) et le culturel (les imaginaires) s’imbriquent nécessairement. L’entrée par les végétaux, intuitive, amorce efficacement la réflexion sur les phénomènes migratoires et les changements sociaux qu’ils induisent : hybridation, métissage et diversité. Un des résultats de ce projet réside dans l’élaboration d’un jardin des altérités au Jardin des Plantes de Paris dont je suis le co-concepteur en collaboration avec l’artiste paysagiste Liliana Motta :
https://exorigins.hypotheses.org/le-jardin-des-alterites
Les plantes nous disent souvent bien des choses sur l’ailleurs et les autres. Leurs noms tout d’abord, ceux aux accents exotiques, évoquent des contrées lointaines ou des peuples étrangers. Leurs physionomies se prêtent à toute sorte d’analogie avec des symboles d’un autre temps ou d’un autre lieu. Certaines plantes ont voyagé avec ou sans les hommes pour conquérir le monde et le récit de leur périple continue de nourrir toujours plus d’univers mentaux. Cette tendance des humains à penser l’autre et l’ailleurs au travers des plantes prend une signification particulièrement saillante dans le contexte migratoire. La multiplication des trajectoires migratoires des humains sur Terre et dans l’histoire a logiquement multiplié les trajectoires des végétaux mais aussi leur combinaison avec des figures de l’ailleurs et de l’altérité. Comment une plante transmise au sein de sa famille informe-t-elle les mises en récit sur soi-même et sur autrui, sur ce qui est endémique et exotique, sur l’ici et sur l’ailleurs ? Comment les végétaux présents dans nos espaces quotidiens et domestiques sont-ils mobilisés pour ordonner les origines et les mémoires associées à de multiples lieux [Baussant, 2007, 2015] ? Enfin, comment interviennent-ils dans notre manière de traiter autrui et plus spécifiquement l’étranger [Tassin 2014] ?
Le Jardin des Altérités est conçu pour répondre à ces questions en incarnant un espace expérimental d’intercompréhension des manières de penser les ailleurs et les autres par le végétal. Le jardin des Altérités est composé de six carrés, chacun dédié à une problématique différente :
Carré 1 – plantes des gardiennes d’immeuble
Carré 2 – plantes des Franciliens
Carrés 3 – plantes de l’altérité alimentaire
Carré 4 – plantes de l’altérité religieuse
Carré 5 – La France et les Français au miroir du végétal
Carré 6 – L’autre et l’ailleurs au miroir du végétal