par Nicolas Lainé

Dans le cadre d’un cycle de conférences Sciences en questions (INRAE)

Conférence en ligne :

https://sciences-en-questions.hub.inrae.fr/conferences-et-ouvrages/conferences-par-thematique/theories-scientifiques/nicolas-laine

 

Nicolas Lainé invite à se saisir de l’initiative internationale One Health pour rouvrir le dialogue scientifique avec d’autres formes de savoirs relevant des humains et des autres existants (animaux, plantes, virus, etc.).

Plébiscitée depuis la pandémie du Covid-19 par les scientifiques et les politiques, l’initiative One Health part de l’interdépendance entre santé humaine, santé animale et santé environnementale pour réunir ces trois composantes autour d’une même approche. Ce changement de perspective ouvre de nouveaux horizons pour la recherche et l’action politique. Il peut aussi parfois prendre la forme d’une nouvelle injonction à penser la santé des hommes et des animaux dans leur environnement, même si l’idée n’est pas nouvelle.

En revenant aux sources de One Health, Nicolas Lainé rappellera que cette initiative s’inscrit, d’une certaine manière, dans le prolongement des politiques coloniales qui faisaient coïncider la nécessité de garantir la santé des administrateurs, le contrôle des populations locales et de leurs animaux dans une volonté d’exploitation des ressources disponibles. Mettre en pratique le One Health aujourd’hui nous engage donc à une réflexion sur la décolonisation des savoirs en santé et, en particulier, à intégrer d’autres formes de connaissances, notamment les savoirs des populations locales.

À partir de ses terrains d’enquête situés en Asie, le conférencier montre de quoi les savoirs locaux et/ou profanes sont constitués en insistant sur leur dynamique et constante recomposition. Il souligne que les pratiques de prévention et de gestion sanitaires (qui en découlent) mettent bien souvent en jeu l’interdépendance et les interactions entre différentes espèces. Or l’hybridation des savoirs s’efface dans la rationalisation qu’opère le travail scientifique. Réduits à la fourniture d’informations ou de données, les détenteurs de ces « autres » savoirs sont exclus du processus de production des connaissances. Nicolas Lainé propose au contraire d’intégrer toute la richesse et la complexité des rapports au vivant dans une mise en réseau des savoirs locaux humains et non humains, et de considérer toutes les parties prenantes comme des partenaires à part entière dans la recherche.

En s’appuyant sur les promesses et la montée en puissance de One Health, cette conférence interroge notre propre pratique de recherche, notre manière de produire des connaissances et ce qui fait science.

La présentation en pdf :

Publié le : 09/01/2024 13:16 - Mis à jour le : 08/02/2024 09:16