Contact
43 rue Buffon
Paris 5e
Responsabilités hors unité
2023-en cours Membre élu de la commission de la section 38 du CNRS
2019-2022 Représentant de l’IRD en Thaïlande (incluant : Inde/Népal/Bangladesh/Birmanie)
2015-2019 Directeur-adjoint du Département Sociétés et Mondialisation de l’IRD
2012-2015 Membre élu du Conseil Scientifique de l’IRD
Présentation
Anthropologue spécialisé sur l’Asie du Sud-Est, je conduis depuis 1994 des travaux de terrain au Laos et en Thaïlande ainsi (entre 2018 et 2020) qu’au Nord de la Birmanie. Je travaille principalement sur le sens et les formes de manifestation de l’ethnicité dans ces pays, avec des inflexions thématiques qui ont évolué au cours de ma carrière.
J’ai poursuivi d’une part une anthropologie politique du changement social, au travers par exemple d’enquêtes sur les dynamiques foncières, sur les mobilités, les relations à l’environnement et aux crises écologiques. Actuellement, je travaille principalement sur la façon dont un phénomène saisonnier et ancien de pollution de l’air dans le Nord de la Thaïlande est devenu, au cours de la dernière décennie, une « crise » écologique, sociale et politique qui alimente de nouvelles critiques envers les minorités et la mise en œuvre de nouveaux instruments de contrôle dans les hautes terres.
D’autre part, j’ai conduit différentes recherches relevant davantage d’une anthropologie culturelle sur la longue durée, en travaillant notamment sur l’histoire des relations interethniques, l’oralité, les traditions orales associées au patrimoine archéologique ou encore les systèmes de parenté, afin de contribuer à une ethnohistoire des marges montagneuses en Asie du Sud-Est.
À ces deux axes vient se superposer une réflexion transversale sur la revisite de terrains d’enquêtes et la façon d’articuler ethnographie, travail en archives et implication sociale. Je mène notamment avec mes partenaires de l’Université de Chiang Mai un travail de numérisation et de valorisation d’archives ethnographiques (images et films issus de collections publiques ou privées). L’intérêt de ce travail, outre son utilité pour l’enseignement et l’accès public à des matériaux rares, est aussi qu’il offre la possibilité de revisiter les terrains de recherche de toute une génération d’anthropologues anglo-saxons des années 1950 et 1960. Il permet ainsi de comprendre comment est née l’anthropologie dans le milieu académique thaïlandais et comment les connaissances produites ont ensuite été diffusées et réappropriées par les membres des minorités eux-mêmes, par la rédaction de thèses de doctorat par certains d’entre eux à l’Université de Chiang Mai ; au travers également de la création de plusieurs ONG et de fondations locales qui interviennent dans les débats autour de « l’indigénéité », des politiques de conservation des ressources forestières, de l’établissement de « zones culturelles spéciales » ou encore des droits à une éducation bilingue. Il s’agit donc de faciliter à la fois l’étude des changements sociaux, économiques ou culturels intervenus dans les marges montagneuses thaïlandaises durant un demi-siècle et de promouvoir, dans le même temps, une approche réflexive, dans laquelle la position des observateurs et leurs méthodes deviennent elles-mêmes des objets d’étude.
Animation, expertises
Membre du comité éditorial de la revue Moussons (CNRS-Université d’Aix-Marseille)
Rattachements/affiliation
- Chercheur associé au Centre Asie du Sud-Est (CASE, UMR 8170)
- Chercheur associé à l’Institut de Recherches Asiatiques (IrAsia, UMR7306)
- Chercheur associé à la Faculté des Sciences Sociales de l’Université de Chiang Mai, Thaïlande (affectation en cours 2023-24)
CV
Documents
Projets
2018-2023 - Financement de la National Science Foundation (USA)
Rôle : co-PI avec Dr Mary Mostafanezhad (University of Hawai’i at Manoa). Co-direction du programme, enquêtes sur les dimensions sociales de la pollution de l’air.
https://www.nsf.gov/awardsearch/showAward?AWD_ID=1829160
Dans plusieurs régions d’Asie du Sud-Est, et particulièrement à Chiang Mai en Thaïlande, une pollution saisonnière survient presque chaque année entre Février et Avril, une période surnommée localement « la saison des fumées ». Au cours des dix dernières années, ce qui était jusqu’alors accepté localement comme un phénomène normal, inévitable et ancien (car on en trouve trace dans les archives du 19e siècle), est devenu, sous l’effet d’une aggravation globale de la pollution de l’air à l’échelle de l’Asie dans son ensemble, un objet de préoccupation environnementale, sanitaire et économique. Chaque année désormais, cette « saison des fumées » fait l’objet de nombreux articles dans la presse et génère des tensions soci Comment ce phénomène saisonnier et ancien est-il devenu en quelques années une crise écologique générant ces tensions sociales et politiques ? Notre projet s’attache à comprendre la construction et la validation des récits environnementaux, leur circulation et leur contestation, et enfin leur usage dans la conception et la mise en œuvre des politiques environnementales. Nous travaillons dans la ville de Chiang Mai et dans plusieurs districts montagneux de sa périphérie, en effectuant des enquêtes de terrain et en utilisant diverses archives et banques de données. Nous développons deux axes de réflexion principaux.
Le premier a trait à la façon dont la science, en mesurant ce phénomène, lui confère une visibilité ambiguë, à la frontière du vivant et du non-vivant, de l’artificiel et du naturel, et introduit de ce fait de nouvelles incertitudes. Ces incertitudes nourrissent des controverses qui font passer la pollution de l’air de l’état de nuisance passagère, cyclique et bégnine à celle de substance potentiellement mortifère. Ce type de phénomène a été relativement bien étudié en Occident, notamment par des historiens de l’environnement, mais n’a pas donné lieu pour l’instant à beaucoup de travaux dans les pays du Sud. C’est dans ce cadre que l’un des axes de notre projet s’intéresse au développement des réseaux de capteurs de pollution à Chiang Mai, les stratégies et les tensions auxquelles il donne lieu et les controverses qu’il nourrit entre autorités, scientifiques et populations rurales et urbaines.
Notre second axe de recherche examine pourquoi et comment la prise de conscience de la pollution de l’air prend la forme d’une réactivation, ou d’un énième déplacement, des récits sur la dégradation de l’environnement des hautes terres. Nous questionnons un certain nombre de présupposés implicites dans les discours sur la crise écologique actuelle dans le Nord de la Thaïlande et nous les confrontons avec des données ethnographiques ou historiques. Nous mettons en en perspective par exemple les systèmes techniques de contrôle et de surveillance, notamment par satellites, avec la diversité des pratiques du feu sur le terrain, leur transformation et leur criminalisation ou non par l’Etat. Le but est d’élaborer une anthropologie politique des paysages du feu et des relations interethniques dans le Nord de la Thaïlande en revisitant à travers ce prisme l’histoire des relations entre les hautes terres et les basses terres. Nous nous intéressons également aux interactions économiques et symboliques entre populations urbaines et rurales, pour montrer que la crise écologique actuelle est aussi, et peut-être avant tout, une crise du modèle et des représentations portées par l’élite urbaine.
2022-2025 - financement ANR
Coordinateurs : Bertrand Lefèvre (EHESP) et Renaud Hourcade (CNRS)
Rôle: Participant. Enquêtes sur les aspects sociaux et politiques de la pollution de l’air à Bangkok.
https://www.globalsmog.org/home
L’objectif principal de ce projet est d’identifier et d’expliquer les processus techniques, sociaux et politiques qui influencent négativement ou positivement la gestion de la pollution de l’air dans 10 villes tropicales (4 en Afrique, 4 en Inde, 2 en Asie du Sud-Est). Nous considérons que la question de la pollution de l’air subit, dans chaque contexte local, un processus complexe de traduction, d’appropriation et de remodelage qui définit son importance politique, le mode d’action et les instruments politiques privilégiés, et l’équilibre avec d’autres priorités. En utilisant les outils de la sociologie des sciences, de la géographie urbaine, de l’anthropologie politique et de la sociologie de l’élaboration des politiques, les chercheurs impliqués dans ce projet explorent la construction sociale de la pollution de l’air ambiant en tant que problème mondial et local, ainsi que la manière dont elle est intégrée dans les représentations socio-techniques de la santé, de l’environnement et de l’économie. À partir de ces connaissances spécifiques, ils mettent en évidence les processus par lesquels la question de la pollution de l’air circule mais aussi la manière dont elle est appréhendée et traitée selon des configurations locales spécifiques.
Terrains de recherche
Thaïlande, Laos, Nord-Birmanie