Les logiques patrimoniales ne peuvent être dissociées des pratiques et des processus de production, de transmission et de stabilisation de savoirs qui entrent en jeu dans leur constitution tout comme des procédures politiques, techniques et symboliques de sanction de ces savoirs par les pouvoirs, qui se chargent de les promouvoir.
Les processus d’ordonnancement du monde matériel et idéel et de valorisation de ses éléments jugés saillants par tel groupe social ou catégorie d’acteurs mobilisent une grande diversité de registres de savoirs. Leurs émergences, hybridations et circulations donnent corps au phénomène de (recon)naissance des patrimoines. Ils répondent à des représentations du monde, à des dynamiques inclusives ou exclusives particulières, et sont véhiculés par des pratiques et des langages variés. Ces savoirs sous-tendent des rapports de pouvoir singuliers qui se traduisent par des inégalités de formulation, de jouissance et de valorisation des dits patrimoines. Dans le contexte actuel d'une "hyperpatrimonialisation" d'objets naturels et/ou culturels (unités de conservation, paysages culturels, vestiges du passé, systèmes alimentaires ou agricoles entre autres) l’analyse des dynamiques d’expression, d’adhésion et de conflits à l’égard de ces savoirs et de leurs effets de pouvoir demeure un champ à explorer.
Coordonné par : Sarah Benabou, Frédérique Chlous, Tarik Dahou, Stéphanie Duvail, Laure Emperaire et Vincent Leblan (orgs).