Fabienne GALANGAU-QUERAT

36 rue Geoffroy Saint-Hilaire
Paris 5e
Responsable Master - spécialité Muséologie des Sciences de la Nature et de l’Homme du Master BEE (MNHN)
Membre du Conseil d’Administration du MNHN
En raison de la situation en Birmanie, la collection d’objets « Moken » Jeanne et Jacques Ivanoff sera désormais conservée en Thailande au Princess Sirindhorn Research Center (Bangkok) https://www.ku.ac.th/en/sirindhorn-international-center-for-research-development-and-technology-transfer/
UE Muséologie des Sciences ; UE Exposer les Sciences de la nature et de l’Homme ; UE Exposition 3D ; UE : Les métiers de l’exposition
Résumé : Depuis les années 90 et jusqu’au dernier coup d’Etat miliaire en 2021, avec la libéralisation de la filière pêche, l'ouverture de la Birmanie au tourisme, les investissements étrangers et la volonté de modernisation du pays, le peuple Moken a été confronté au développement économique de la région qui semblait compromettre sérieusement leur avenir et leur mode de vie.
C’est dans ce contexte que l’idée d’un musée s’est progressivement développée. Dans les années 81-89 les Moken avaient confié à l’ethnologue Jacques Ivanoff un corpus unique et considérable, faits de chants, épopées, mythes, …. Or les Moken ne donnent que ce qu’ils veulent voir revenir chez eux sous une forme permettant leur survie et la continuation de leur culture. Non seulement dépositaire de leurs mythes, Jacques Ivanoff est également devenu l’un de leurs taukè chargés des interactions avec l’extérieur.
Avec la disparition de sous-groupes moken entiers, l’urgence de la situation démographique de ce peuple qui est la mémoire de la région, posait le principe du musée comme une interface forte dans le débat entre le développement de l’archipel et le mode de vie des Moken. En effet, le musée paraissait être la structure la plus efficace pour préserver la mémoire et le « patrimoine » d’une société, exprimer ses valeurs et les faire partager. A condition de s’appuyer sur une compréhension fine de la structure sociale de la communauté, au nom de laquelle le musée parle, et donc sur un travail véritablement collaboratif.
L’engagement vers le musée est une décision qui repose à la fois sur des recherches et expertises, un très large corpus, et surtout sur la volonté des Moken.
Le projet de musée se structure autour de l’oralité et de l’espace social Moken, c’est à dire une représentation que nous nommons CartES (Cartographie de l’Espace Social), qui permet de comprendre comment un système social s’est construit à l’intérieur d’un mythe, les raisons de ce système fluide solidaire, un mode de gestion sans destruction, les relations entre vivants et non vivants de l’archipel et les raisons de l’incroyable vitalité des Moken.
Birmanie – Thailande